Autopsie d'un échec
Je vais essayer de vous relater chronologiquement les faits qui selon moi ont entraîné une nouvelle défaite de la gauche à des élections majeures.
En préambule, je dirai que nous devons nous rendre à l'évidence la France vote à droite ; qu'exceptionnellement des personnalités de gauche arrivent à inverser son mauvais penchant (Mitterand en 1981 et 1988, Jospin en 1997). En 2002, la gauche se prend une claque monumentale. Jospin s'exile à l'ile de Ré. Holland tient la boutique du PS, et renvoie les débats d'investitures présidentielles à octobre 2006. Pendant ce temps, Nicolas Sarkozy rentre au gouvernement comme ministre des finances et de l'intérieur, il agit, réagit, se surexpose dans les médias, enfin, il réussit son OPA sur le parti de l'UMP, et commence à trancher les têtes qui dépassent. En 2004, la gauche remporte massivement les régionales, cette victoire renforce l'idée de Holland de faire patienter les individualismes, il espère en fait qu'il sera désigner naturellement par le parti en 2006 comme le chef de file des présidentielles.(lui ou Jospin)
En 2005, Chirac dont on connait le goût pour les petites manoeuvres politiciennes, déclenche un Tsunami au parti socialiste, en choisissant de faire adopter la constitution européenne par référendum (Chirac croit encore qu'il pourra se représenter une troisième fois). Il sait que le PS va se déchirer sur cette question, qu'elle affaiblira durablement les prises de position des uns et des autres. Les antagonismes ne tardent pas à prévaloir. Pendant que Holland donne la ligne de conduite pro-constitution, Fabius, Emmanuelli, et d'autres montent le front du NON. La division est entamé pour longtemps. En 2006, Ségolène Royal double tout le monde en s'affichant dans les médias, elle devient la nouvelle icone de la gauche dans l'opinion et chez les militants qui voient en elle le renouveau du parti. Holland pris de vitesse est contraint par Fabius et DSK de provoquer des primaires pour les départager. Pendant un mois, des débats stéréotypés auront lieu au grand désarroi de Madame Royal, ils montreront à tous les divisions profondes du PS à 5 mois de l'échéance des élections. Ségolène Royal emportera ces lamentables primaires avec plus de 60% des voix comme les sondages l'avaient prédis. Il lui reste alors tout juste 4 mois de campagne pour se forger une image, rassembler, défendre ses idées et celle du Ps (un compromis des différents courants contradictoires et impossible à mettre en oeuvre).Trop tard. Les éléphants n'accepteront jamais leurs évictions par la femme du premier secrétaire du parti, ils ne feront rien pour lui faciliter la tache. Ils créaient par la même une brêche que Bayrou saura exploiter.
Pour moi, il n'y a pas d'excuse, Holland, petit élève bien sage de Jospin, a voulu préparé le retour de celui ci, il a ainsi retardé la remise en question nécessaire après 2002, il n'a pas, par fidélité à Jospin, fait les réformes de fond dont le parti avait besoin pour éclaicir l'encrage du Ps dans la modernité, ils sont donc collégialement responsable de la déroute du 6 Mai.
Aujourd'hui, Ségolène Royal a acquis une autorité naturelle qui la place à la succession de François Holland (accessoirement son mari?) pour reprendre le parti.
Je lui demande de poursuivre le vaste chantier de rénovation et d'ouverture, de rassembler bien au delà du PS toutes les forces d'oppositions. Car, face à Nicolas Sarkozy, nous avons besoin d'être uni, malin, informé, c'est d'une stratégie de masse dont nous avons besoin, si nous voulons conditionner la victoire en 2012.